Chez nous, à l'Azile, nous avons largement dépassé tout cela. Cela fait 40 ans que nous avons adopté les sacs en papier. De plus, depuis un an, une loi nous oblige à venir faire ses courses à pieds ou en vélo tricycles pour des raisons écologiques. Comme quoi, chez nous, on a les mêmes demeurés qu'en France finalement. On n'est pas mieux. Au moins, à l'Azile, on a eu la décence de ne pas se qualifier pour la coupe d'Europe de football. On déteste l'Europe et on n'aime pas le football et les coupes. Ceci dit c'est bien triste quand même de voir qu'à l'Azile, même si la Gauche est interdite, on est presque aussi bête qu'en France.
Bref, cette semaine pour échapper à la sinistrose ambiante et sortir du smog tristoune qui a recouvert une partie de la vieille Europe, votre loyal serviteur a décidé de vous dérouler une revue complète de numéros d'acrobaties aussi incroyables que sans limite dans le domaine du chant, de la danse et des illusions bluffantes, magistralement servie par la bande des Rigolus z'Asociaux Associés de l'Azile. C'est vrai ça, c'est pas parce que Djoko s'est fait sortir à Wimbledon qu'on va se laisser abattre, non mais.
La preuve, les Heliocentrics arrivent à sonner tout à la fois grinçants et ultra-groovy et ce, sans le concours de leurs potes nigérians et malgré leur régime drastique beurre de cacahuète-bacon. Eblis Alvarez, âme damnée de la galaxie Los Pirañas et autres Meridian Brothers, entretient une certaine parenté cosmique avec le regretté Juan Torres, virtuose mexicain adulé par certains doux dingues d'orgue mélodique et amateurs de sensations fortes, et son duo avec son comparse colombien Pedro Ojeda est aussi improbable qu'hautement ébouriffant. Les Housewives œuvrent pour la paix des ménages, sans bigoudis mais à coup de barre à mines et de meuleuses amplifiées, tandis que les Horse Lords nous comblent d'aise en usant de stratégies circulaires intégrant hoquets polyphoniques, guitares mauritaniennes et drones de sax continus dans le vortex.
Les disques gâchent le paysage comme le susurre David Grubbs, et celui-ci est pour le moins plombé sur ce nouvel opus où il s'essaye au plain-chant post-Guillaume de Machaut à la guitare mise à nue. Mocke oscille gentiment entre prog de salon et exotica pour accompagner le quadrille des homards, et c'est réglé comme un Ensemble Rayé tricoté même en été. Il n'empêche que le bonheur ne tient qu'à Ekin Fil, ce qui fait qu'on se replonge avec ravissement dans sa shoegaze ouatée 100 % coton bio made in Istanbul. Komora A c'est un autre genre de paire de manches, et le trio dark ambient polonais signe enfin chez Monotype sa toute première galette en 11 ans d'existence.
L'éminence grise des musiques de traverse tamisées sir David Toop fait son come-back avec un nouveau bouquin pour les plages abandonnées, et son petit dernier convoque allègrement frottements de bols improvisés, gagaku électronique, et cérémonies d'hypnose bhoutano-bouddhistes. Jo de la compagnie Tanzprocesz a du flair et la riche idée de produire un guide de voyages autour de sa chambre par l'inénarrable Johann Mazé de France Sauvage, le Cercle Des Mallissimalistes et du UN Ensemble. Enfin, Poppy Nogood sans son Phantom Band mais au crincrin du diable, a produit quelques unes des ambiances entêtantes qui vous poursuivront dans les prochaines semaines au camping. Sans compter les bonux de cette sélection expanded spéciale zumba, entièrement gratuite et à la portée de tou(te)s, pour vous déchaîner tout l'été au son de l'Azile.
Avec l'Azile, faites vos courses avec un sac en papier, vous ferez assurément un carton
L'AZILE LE PLUS SÛR - ETAGE 12 PORTE 41
Le tracklisting
1 - The Heliocentrics : Night And Day (From The Deep, Now-again Records)
2 - Chúpame El Dedo : Monsanto (S/T, Discrepant Records)
3 - Housewives : Balm (Icaria Sunstroke) (Work, Hands In The Dark / Negative Days Records / Blank Editions, The Wire - Below The Radar #23)
4 - Horse Lords : Toward the Omega Point (Interventions, Northern Spy Records)
5 - David Grubbs : Manifesto in Clear Language (Prismrose, Blue Chopsticks / Drag City)
6 - Mocke : Trois Regards sur le Malandrin (St-Homard, Object Disque Records)
7 - Ekin Fil : Almost Silence (Being Near, The Helen Scarsdale Agency)
8 - Komora A : Waking Up (Crystal Dwarf, Monotype Records)
9 - David Toop : Invertebrate Drawings (Entities Inertias Faint Beings, Room 40)
10 - Johann Mazé : Dérive En Grande Garabagne (Les Transports, Tanzprocesz Records)
11 - Poppy Nogood : For the End of Time (Music for Mourning, Records)
12 - Poppy Nogood : It's Cloudy Outside (Music for Mourning, Records) - Bonux esclusif
13 - Mocke : Cormoran se deploie dans le ciel gris (St-Homard, Object Disque Records) - Bonux esclusif
14 - Komora A : Drone of Unreality (Crystal Dwarf, Monotype Records) - Bonux esclusif
15 - David Toop : Ancestral Beings, Sightless by Their Own Dust (entities_inertias_faint_beings - Bonux esclusif
16 - Housewives : Docile Body (Work, Hands In The Dark / Negative Days Records / Blank Editions) - Bonux esclusif
Le streaming
Le Podcasting
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Le linking
Archie Shepp, Melvin van Peebles et The Heliocentrics à Jazz à la Villette le 8 septembre 2015, in extenso
Chúpame El Dedo au Matik-Matik de Bogotá le 28 juin 2012, in extenso
Housewives : Docile Body à Lexington, fest. Upset the Rhythm le 15 juin 2013
David Grubbs aux Instants Chavirés le 07 Octobre 2010
David Grubbs, Andrea Belfi & Stefano Pilia à l'Espace B de Paris, 9 Juin 2013
Mocke - L'ouvrier Flan et le clip qui déchire
Ekin Fil - Minus, le clip qui en met plein la vue
Ekin Fil - Desired, le clip qui sent bon l'été
Komora A - Crystal Dwarf Opens His Eyes
David Toop White Cube Bermondsey de Londres au printemps 2015
Phil Mintn, Roger Turner, Max Eastley & & David Toop au Cafe Oto de Londres en mars 2016, part 1 etc.
Terry Day, Thurston Moore & David Toop au Cafe Oto de Londres pour le festival Alterations le 19 juin 2016
Il a même été envisagé que la population se déplace par chaise à porteurs et qu'elle fasse désormais ses courses avec des sacs Vuitton. Pour dire comme ceux qui nous gouvernent sont déconnectés !
RépondreSupprimerIl m'a l'air intéressant cet Eblis Alvarez. M'en vais y poser une oreille...
Oui vous avez raison d'être intéressé par Eblis Alvarez. Vous n'êtes pas le seul d'ailleurs. Dans son dernier livre, Jules-Guy Bellemare raconte une histoire le concernant. Une histoire qui s'est déroulée lors d'une de ses nombreuse représentation passée où tout s'est bien déroulé et sans imprévus. Mais je m'arrête là car je suis un piètre conteur à côté de Jules-Guy Bellemare
RépondreSupprimerJules-Guy sait plus que tout autre nous tenir Van Halen !
SupprimerEh oui, faut tout faire soi-même, même la course unijambiste en sac.
RépondreSupprimerLa voici donc cette histoire extraordinaire tant attendue et dont les protagonistes ont encore peine à s'en remettre à ce jour.
Eblis Alvarez est un homme particulièrement chanceux. A la fin de l'année 2007, alors qu'il bricolait dans son atelier au fin fond du jardin de sa petite maison des faubourgs de Bogotá quelques sons trafiqués à base de saucisses fumées en vue de présenter une pièce de son cru au grand concours international des chasseurs de sons (http://www.ina.fr/video/CPF86625945) qui devait se tenir quelques jours plus tard, survint un évènement qui allait changer la face de la musique cumbia de manière radicale et définitive.
Tout affairé qu'il était à sampler la complainte d'une chipolata calcinée particulièrement bavarde, il entendit soudain un bruit furtif naître derrière lui.
Son sang ne fit qu'un seul tour. Il se retourna d'un coup sec, s'imaginant se trouver nez à nez avec quelque fâcheux malfrat. Ne voyant rien devant lui et pris dans le halo des fumées environnantes, il baissa alors les yeux. Et pris d'un fou-rire irrépressible, il se plia en deux.
Ce n'était que le chat Hippolyte attiré par l'odeur qui se pourléchait les babines en claquant des dents pensant pouvoir glaner quelque savoureuse lutherie à base de porc. "Baste Hippolyte ! je suis occupé" chuinta Alvarez avant de se remettre à la tâche.
Quelques dix minutes plus tard, alors qu'il était tout entier absorbé dans sa composition, quelle ne fut pas sa surprise d'entendre un grand bruit suivi d'un miaulement rauque et guttural. Après un bond de quelques mètres, le félin venait en effet d'atterrir malencontreusement sur la grille du barbecue d'infortune.
Fort heureusement le magnétophone à bandes tournait toujours à plein régime, et la voix du félin trop curieux se calqua pile dans le tempo des crépitements de chipo. Le lendemain Alvarez s'en alla ses bandes sous le bras les mixer aux légendaires studios électroniques de Cologne. Une semaine plus tard il remportait le 1er prix de composition Antoine Delafoy avec sa nouvelle pièce qui lança sa carrière internationale et qu'il intitula à juste titre : "Ah le petit-chablis".
Pour bien refermer ce véritable dossier extraordinaire, je ne peux que vous proposer de joindre dès à présent le son à l'image avec ce grand classique d'Eblis Alvarez : https://www.youtube.com/watch?v=dYAW8oJgti8.
Cher Jules-Guy....Vous avez, d'ailleurs, le même prénom que M. Bellemare mais c'est un prénom commun. Vous n'avez pas commencé à raconter l'histoire que je peux vous dire que ce n'est pas celle que raconte Jules-Guy Bellemare dans son livre car vous écrivez en introduction "cette histoire extraordinaire tant attendue". M. Bellemare ne raconte que des histoires ordinaires, donc a ne peut pas être ça
SupprimerRemarquable version par Eblis Alvarez du culte "Purple Haze" ! Craignos puissance 10 !
SupprimerFinalement, après cuisson, le chat, niveau goût, c'est vraiment aussi fin que du lapin ?....