L'annus horribilis touchant bientôt à sa fin, et pour cette
pénultième émission avant de basculer dans une nouvelle ère nettement
plus ronde, suivant la coutume,
l'Azile a décidé de remplir les chaussettes des auditeurs du monde
entier en rassemblant 21 morceaux orignaux de folie et non reprisés,
pour enchanter les cœurs, les foyers et tout ce qui rayonne autour,
urbitalement et orbitalement.
On dépasse allégrement le mur du fuzz en compagnie de The Electronic Hole,
un occulte projet autoproduit de 1970 à base de heavy jams psychés à la
sauce Velvet du californien Phil Pearlman, qui refait surface avec une
réédition vinylique, ce qui nous permet une séance de rattrapage plus
que salutaire. Le duo australien ultra-chéper Vincent Over the Sink
est un autre genre de (re)découverte peu recommandable et que vous
n'offrirez sans doute pas à votre belle-sœur... Les fins d'année sont un
tantinet agitées du côté de Bogotá, et l'hommage rendu au Charly Oleg local par les Meridian Brothers n'échappe pas à la règle.
Quant au Kita Kouhei de la préfecture de Kyoto, il s'agit d'un homme-machine-orchestre qui a plus d'un son glitché dans sa besace. Schneider Kacirek remettent le couvert
et les potentiomètres à l'occasion d'une tournée australienne, et leur
face A de pop electro sautillante est plutôt appréciable. On coupe la
poire en deux avec un focus sur Sven Kacirek
batteur/marimbiste qui le vaut bien, surtout sur son dernier long à
base de mélopées traditionnelles collectées dans les îles du Pacifique
de l'archipel d'Okinawa.
L'année MMXV a également été très faste pour Joshua Abrams et sa Natural Information Society
avec ou sans Bitchin Bajas, très investis dans la réinvention d'un
folklore imaginaire d'inspiration gnawi et post-Don Cherry. Pour Bill Orcutt aussi, lui qui détient haut la main le record de la guitare malmenée, et son spectacle de Noël avec son collègue californien Jacob Felix Heule ne dépare pas des frasques de sa jeunesse.
Spjärnsvallet,
le combo suédois free-world qu'on ne prononcera pas, se fend de
quelques vieilles bandes tout aussi inédites que fraîches de 1975 à
écouter en boucle chez Omlott,
de l'époque où ils naviguaient entre le Ghana, le Maroc, le Mali et
l'Inde du Sud. On fait connaissance avec un genre de Mike Patton suisse
et beatboxer improvisateur protéiforme de son état : Andreas Schaerer, lors d'une rencontre assez engageante avec le quatuor de sax Arte Quartett.
Le Périgord noir n'est pas appréciable que pour ses spécialités
gastronomiques de fin d'année, mais aussi pour le fantabulesque
clarinettiste et frotteur de pierres Benjamin Bondonneau. La contrebassiste d'impro viscérale Joëlle Léandre elle aussi semble apprécier les beatboxers atypiques, et son tout nouvel opus avec Benoît Delbecq en est un témoignage fracassant et à la pulpe bien secouée.
Frédéric D. Oberland
fait cavalier seul sans réveiller ses Oiseaux des Tropiques des îles
Cook, et se fourvoie dans des dédales sans fins, dans lesquels on est
prêts à le suivre jusqu'au bout de la nuit, et surtout au gré des bonux
extra larges qui referment ce genre de périple tout aussi oblique que
vertical s'il vous plait !