A défaut d'urnes, les hipsters de la noise $hit And $hine bourrent leur ghetto-blaster de vieilles saloperies disco recuites à point et au plunderphonic pour ranimer le dancefloor, alors que Colin Potter se souvient du temps jadis où il pratiquait l'indus lo-fi en culottes courtes à York. A l'Azile, on a toujours été baba devant les chansons pop obliques de La Terre Tremble !!!, et le dernier opus des charmeurs de volcans n'a pas de raison de déroger à cette hypnose garantie sur velours. Les Millions Of Dead Tourists sonnent un peu comme du Ike Yard sur le retour, sauf qu'ils reviennent tout pantelants de Thessalonique.
Entièrement conçu à partir de sons concrets et détritus synthétiques de la société post-industrielle new-yorkaise, le nouvel opus d'Evan Caminiti, moitié maximaliste de Barn Owl, est tout aussi sidérant que vaporeux. Autres adeptes de la synthèse modulaire, les ex-Labradford et Pan·American s'acoquinent avec le percussionniste de Locrian Steven R. Hess, pour de l'ambient glaciale et liquoreuse à la mode post-rock de Chicago sous bannière Anjou. Coppice est une autre sacrée paire de manches de Chicago, et un duo de sound artists tout aussi ciselé que décapant.
Le nouvel octet de la guitariste Mary Halvorson sonne aussi bien que son septet, normal me direz-vous, ce sont exactement les mêmes briscards du jasse new-yorkais augmentés de la pedal-steel guitar de Susan Alcorn. Cela fait au moins quelques années et demie qu'on suit les traces du saxo-électroacousnoisien helvète Antoine Chessex, mais le retrouver là flanqué de la section rythmique en or du free britannique, et attablé le 12 décembre 2016 au Café Oto, est un pur délice. Depuis qu'il nous avait servi ses terribles Tripes, on avait compris que Jean-Brice Godet avait de la bouteille, mais vu le titre alcoométrique volumique de ses nouvelles compos, et on se dit que cuici on va pas lâcher de si tôt ! Enfin, le nouveau Marcus Fjellström se consomme ici et là encore sans modération, quitte à entendre double entre les instruments détunés et l'électronique qui donne le tournis. Et on termine comme de juste la dégustation avec un smorgasburg de titres bonux et autres alternate takes.
Pour la soif des cages à miel, secouez dès maintenant la pulpe anticonstitutionnellement vôtre de l'Azile