Le nouveau combo qui réunit Thalia Zedek, Jason Sanford de Neptune & Gavin McCarthy est tellement effervescent qu'il s'est tout bonnement fait appeler "E", et il manquerait plus que E se présente également à la présidentielle pour couronner le tout. Initié à l'orée des années 2000, le Scorch Trio n'a rien perdu de sa superbe, même s'il s'est depuis délocalisé aux States et amputé d'un membre pour s'en adjoindre finalement un quatrième, pour toujours plus de fire music. Le duo Roji entre Gonçalo Almeida & Jörg A. Schneider témoigne de cette belle vitalité de la nouvelle scène européenne impro-free qui navigue entre le Portugal, l'Allemagne, l'Angleterre et les Pays-Bas, et comme Colin Webster s'époumone avec eux, on ne peut que se jeter dessus les yeux fermés ! Otomo Yoshihide se fait un chouia plus avare en nouvelles galettes ces derniers temps, mais on vous a quand même retrouvé sa trace sur un chouette live à Tokyo publié au printemps dernier.
En cette fin d'année, on est ultra ravis du grand retour de Rashad Becker, et ses glissandi synthétiques cousus main sont toujours aussi magistralement divins. Eli Keszler enchante également les cœurs des petits et des grands avec son nouveau solo, d'une intensité frénétique proprement abyssale. La légende des musiques concrètes outre-Atlantique Tod Dockstader, illustrateur légendaire pour Tom & Jerry ou Mr. Magoo, complète le tableau avec des pièces enregistrées de son vivant, mais jamais éditées jusqu'ici. Le projet Fenêtre Ovale d'Eve Risser, Joris Rühl & Karl Naëgelen réinvente les stratégies obliques de l'impro par le trou de la serrure, et on est plus que ravis de réentendre le lithophone de Thomas Gouband sur le tome 2. Jean-Luc Guionnet est tout aussi pertinent au sax que sur lutherie organique, et aussi royal sur disque qu'en live. L'Ensemble Phoenix de Bâle n'en est pas à son galop d'essai dans l'interprétation contemporaine des fralés des musiques expé, et cette rencontre avec Jérôme Noetinger de Metamkine n'en est que plus haute en couleurs, d'autant qu'on y retrouve les frangins Buess de l'ancien combo 16-17. Tod Dockstader referme le cortège avec un revenez-y de ses compos électroacoustiques des années 60.
Pour avoir l'abricot en folie après le solo de mandoline, pressez sans bourse délier l'Azile